Episode 1: La naissance de L’école Suisse de Ski de Villars

La naissance de L’école Suisse de Ski de Villars

En 1936, la première épreuve de ski alpin aux Jeux Olympiques de Garmisch-Partenkirchen s’ouvre sur une vive polémique : Le CIO interdit aux moniteurs de ski, considérés comme professionnels, de participer aux épreuves de ski alpin, discipline nouvellement introduite au programme olympique. Cette décision provoqua la colère des skieurs suisses et autrichiens qui boycottèrent les épreuves.

La grande dépression des années 30 ne semble toutefois pas entraver le développement du ski en général et l’activité touristique foisonnante de Villars en particulier.

Ce soudain essor du ski conjugué au fort développement du tourisme hivernal entraîne une augmentation importante du nombre de pratiquants et le besoin de structurer l’enseignement du ski ne tarde pas à se faire sentir. La première école de ski en Suisse voit le jour à St. Moritz en 1929, tandis qu’en hiver 1931, Andermatt accueillait les premiers candidats au brevet d’instructeur suisse de ski. Les villardous Robert Follin, Hans Flotron, Jean-Louis Chable ainsi que Reynold et Edmond Dubi étaient de la partie.

A Villars, c’est durant l’hiver 1933 que sept passionnés de ski, R. Tissot, A. Bonzon, H. Bohren, R. Ruchet, A. Andenmatten et H. Flotron fondent l’Ecole Suisse de Ski de Villars-Bretaye sous la direction d’Otto Schaer. Les frères Dubi et Jean-Louis Chable les rejoindront l’année suivante. La même année voit le jour l’organisation faîtière pour l’enseignement du ski en Suisse : L’Inter-association Suisse pour le Ski (IASS). En 1932, il n’existait pas encore de moyens de remontée mécanique à Bretaye et la plupart des leçons se donnaient sur l’emplacement de l’ancien terrain de golf, derrière le Palace. Les classes pouvaient se composer de plus de cinquante personnes. Parfois, il arrivait que lors- que le dernier élève finissait de fixer ses skis, la leçon soit terminée. La demi-journée était facturée cinq francs par personne en cours collectifs ou quinze francs pour la semaine. Les cours privés revenaient à six francs l’heure, soit le tiers environ d’une nuitée au Palace ou une fois et demie le prix d’un « billet sport », carte journalière du train Villars-Les Bouquetins. On constate que ces proportions n’ont guère changé jusqu’à nos jours.

Les touristes, principalement anglais et français, séjournaient en famille dans les luxueux hôtels du plateau et restaient un mois ou deux, parfois la saison entière… Il n’était donc pas rare de voir un instructeur rester toute la saison avec la même famille.

Le but ultime des leçons de ski était la montée au Chamossaire depuis le terminus du train aux Bouquetins. « On montait avec des Anglais, précise l’instructeur Jean-Louis Chable, à peaux de phoque pour 10 francs la montée. Comme certains ne savaient pas bien skier, on leur laissait les peaux pour la descente. Lorsque nous pouvions faire deux montées, nous avions bien gagné notre journée»